Étudiants et aidants : comment concilier ce double rôle ?

Étudiants et aidants : comment concilier ce double rôle ?

Ils seraient entre 500 à 700 000 en France à mener de front études et aide régulière à un proche. Qui sont ces étudiants aidants ? Quelles sont les conséquences de l’aidance sur leur santé, leur vie sociale, leur trajectoire universitaire ? Existe-t-il des dispositifs de soutien spécifiques à leur attention ?

En France, plus d’un étudiant sur dix serait un aidant. Ces jeunes adultes, âgés de 18 à 24 ans, étudient, tout en apportant une aide à un membre de la famille (parent, frère ou sœur, grand-parent…) ou à un autre proche (ami…), sans être rémunéré. Ce proche a besoin d’aide, en raison d’une maladie chronique physique, d’un problème de santé mentale, d’une situation de handicap ou de perte d’autonomie. Le projet JAID, créée en 2017 par le professeur Aurélie Untas et Géraldine Dorard, maître de Conférences, au sein du Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé d’Université Paris Cité a divulgué, le 30 janvier 2023, les résultats d’une étude en ligne, baptisée Campus Care, auprès de 6 767 étudiants pour mieux connaître cette population. Il en ressort que les étudiants aidants, des femmes à une écrasante majorité (85,7%), assistent souvent plusieurs proches et vivent avec au moins un de leurs proches aidés. Ce proche est en majorité un parent. Ainsi 50 % aident une mère, 32 % un père, 29% un grand-parent et 27% un frère ou une sœur. Les étudiants leur apportent de l’aide à plusieurs niveaux : gestion du domicile et des tâches ménagères, soutien émotionnel, aide à la fratrie, soins personnels et médicaux, aide aux tâches administratives ou encore soutien financier. 

Un difficile équilibre

Quelles sont les conséquences de cette aide pour les jeunes ?

Il apparaît que les étudiants aidants sont partagés entre le désir d’être un bon étudiant et celui d’être un bon aidant. Ce difficile équilibre a des répercussions sur leur santé mentale et physique. Les étudiants aidants négligent souvent leur propre santé au profit de celle de leur proche, d’où des problèmes de fatigue, maux de tête, douleurs dorsales, problèmes de sommeil ou d’alimentation, ainsi que de la tristesse, une faible estime de soi…

Les étudiants aidants sont également plus sujets aux comportements à risque. Leur investissement dans l’aide d’un proche a également des répercussions sur leur trajectoire académique : les étudiants aidants choisissent, plus souvent que les autres, les filières du soin et de la santé et ils privilégient les formations à distance ou proche du domicile de la personne aidée pour gagner du temps. Mais, certaines conséquences positives peuvent aussi être observées, telles que le développement des capacités d’empathie et d’adaptation, de la sensibilité, du respect envers autrui, de l’autonomie…

Des solutions de soutien

Plus de 18 % des étudiants aidants n’ont pas conscience d’aider leur proche. Ce qui a des incidences sur leur capacité à se saisir des solutions d’accompagnement existantes. En effet, les étudiants aidants, au même titre que les étudiants sportifs de haut niveau, peuvent bénéficier d’un aménagement de leurs études. Le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a également décidé de valoriser l’engagement des étudiants dans les activités de bénévolat, en incluant les étudiants aidants familiaux.

Le dispositif « Solidarité Aidants » de l’association Unis-Cités, quant à lui, organise des activités à domicile pour les publics en situation de handicap, ce qui permet d’offrir une respiration aux aidants.

L’association nationale Jeunes AiDants Ensemble (JADE) propose elle aussi des ateliers répit.

L’association « Avec nos proches » met à disposition une ligne d’information et d’écoute téléphonique, avec quelques écoutants jeunes adultes aidants (01 84 72 94 72).

Nightline offre un service d’écoute nocturne dédié aux sujets liés à la santé mentale, gratuit, pour et par les étudiants (01 88 32 12 32).

Enfin, une proposition de loi, déposée en septembre 2022 au Sénat , pévoit une bourse de presque 600 € par mois pour les étudiants dont l’un des parents est en situation de handicap.

Crédit photo : Image de prostooleh sur Freepik