Premiers secours et handicap, vous avez dit impossible ?

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors, ils l’ont fait ». Cette citation de Mark Twain décrit à la perfection l’engagement mené par Gilles Ruiz, sapeur-pompier professionnel des Bouches-du-Rhône depuis 26 ans. Il est l’initiateur du handi secourisme en France, ou comment les personnes en situation de handicap peuvent se former aux gestes de premiers secours depuis 2017.

En France, aujourd’hui, selon la Croix-Rouge française, seulement 40% de la population est formée au secourisme et serait donc capable d’agir en cas de problème. Pourquoi ne pas inclure la population en situation de handicap et former ainsi plus de citoyen(ne)s ?

Combattre la discrimination

C’est en partant de ce postulat que Gilles Ruiz, alors élu référent au handicap dans la commune de Arles, s’est investi dans le sujet en 2017.

Son combat ? Faire en sorte que les personnes en situation de handicap puissent obtenir le premier diplôme certifiant de secourisme, le PSC1 (Premiers secours citoyen de niveau 1), au même titre que les personnes valides. « En consultant les documents officiels on s’est rendus compte que le texte était très discriminant », indique Gilles Ruiz. Il expérimente alors des sessions avec le concours de l’Union Départementale des sapeurs-pompiers des Bouches du Rhône, l’association des paralysés de France, la croix rouge française et les secouristes français de la croix blanche. « Du moment que la personne handicapée peut guider une personne valide à réaliser les gestes alors il n’y a aucune limite, sauf celui du handicap mental », martèle ce professionnel du secourisme.

Les résultats sont probants et il le fait entendre auprès du Ministère de l’Intérieur de l’époque.

Le texte évolue par un arrêté du Journal officiel du 11 mars 2017. Il stipule que : « Ce certificat de compétences est délivré aux personnes qui ont (…) fait réaliser ou réalisé tous les gestes de premiers secours au cours des phases d’apprentissage pratique (…) »

L’évolution de ce texte aura permis à des milliers de personnes de se former au PSC1 et d’être en mesure d’agir face à une situation d’urgence. La formation est identique à celle délivrée aux personnes valides. Le secourisme prend ainsi une valeur sociale basée sur le vivre ensemble, l’insertion, la lutte contre l’exclusion, le don de soi, celui de servir et d’être capable de.

Se former et former

Convaincu de l’utilité de son projet, Gilles Ruiz décide d’aller plus loin et de rendre accessible la formation de formateurs PSC1. Aucune contre-indication n’est mentionnée dans les textes pour qu’une personne en situation de handicap devienne formateur/trice. Aujourd’hui, une quinzaine de formateurs sont diplômés en France.

Julia Tourneur