Comment amener une personne dépendante à accepter de se faire aider ?

Comment amener une personne dépendante à accepter de se faire aider ?

La loi du 24 janvier 1997 qui crée la Prestation Spécifique Dépendance (PSD) définit la dépendance comme « l’état de la personne qui, nonobstant les soins qu’elle est susceptible de recevoir, a besoin d’être aidée pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie ou requiert une surveillance régulière ». Cette définition été reprise dans la loi du 1er janvier 2002 qui remplace la PSD par l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA).

Qu’est-ce que la relation d’aide et pourquoi se faire aider ?

La relation d’aide peut se définir comme une relation entre deux personnes dont l’une accompagne l’autre. Elle suppose une écoute attentive, un soutien actif et vise à aider la personne dépendante à trouver/retrouver ou maintenir une certaine autonomie.

La relation d’aide s’intègre dans une relation de confiance où l’aidant est aux côtés de la personne qu’il accompagne dans la vie quotidienne. Accompagner ne veut pas dire « faire à la place de », mais « faire avec » autant que cela est possible et dans le respect des habitudes de la personne.

Qu’est-ce que la notion d’acceptation d’aide ?

Accepter de se faire aider, c’est d’abord accepter sa perte d’autonomie et les difficultés à faire face au quotidien. Il n’est pas facile d’accepter de dépendre d’un tiers dans les actes de la vie courante et il peut arriver que certaines personnes refusent de dire à leurs proches qu’elles n’arrivent plus à faire certains gestes de crainte de devoir quitter leur logement, de se sentir tributaire d’un tiers, d’être comme dépossédées de leur vie, par fierté ou encore par honte.

Comment faire accepter la relation d’aide à son proche ?

Grâce à l’écoute

Il est primordial d’être à l’écoute être à l’écoute de la personne dépendante et de prendre en compte son avis afin de préserver sa dignité. Ecoutée, elle se sentira rassurée et plus ouverte au dialogue et à l’intervention éventuelle d’un tiers. Lorsque la communication est difficile, vous pouvez reformuler ce que vous avez entendu et demander si c’est bien ce que la personne voulait dire.

Grâce au dialogue et à la négociation

Le dialogue est indispensable pour aider une personne dépendante à accepter une aide extérieure. Il faut faire un état des lieux : qu’est-ce que la personne est en capacité de faire seule, ou non, expliquer, argumenter. L’objectif est de permettre à votre proche de comprendre pourquoi une aide extérieure est nécessaire. Dans tous les cas, on évitera le « non-dit ». Il faut également veiller à ne pas infantiliser la personne en prenant des décisions sans son consentement.

En cas de difficulté à échanger ou se comprendre, la communication non verbale reste un bon support : l’intonation de la voix, l’expression du regard, les gestes de tendresse, etc. font passer les émotions et les intentions.

Envisager ensemble, via une forme de négociation, la relation d’aide peut être nécessaire pour poser ensemble des « règles du jeu » qui permettent à chacun de donner et de recevoir de l’aide dans une relation aussi équitable que possible. Proposer son aide, cela peut aussi vouloir dire, pour l’aidant, accepter de se faire aider pour d’autres activités (comme les activités ménagères, certaines démarches, etc.). Accepter d’être aidé, cela peut aussi vouloir dire contribuer à maintenir un équilibre pour l’aidant : « je suis d’accord pour que tu m’aides pour tel ou tel geste, mais j’aimerais que tu t’accordes chaque jour un temps de repos, de détente. Sans cela, je vivrais très mal que tu m’aides sans te préserver ».

En maintenant son autonomie

Malgré sa situation de dépendance et la nécessité d’une aide extérieure, il faut encourager la personne à continuer d’exécuter les gestes qu’elle est toujours capable de faire afin de la valoriser, mais aussi pour l’aider à maintenir son autonomie le plus longtemps possible. Il ne faut donc pas hésiter à la stimuler.

Quelles aides peuvent être apportées ?

Qu’il s’agisse de tâches ménagères ou d’aide à la personne, de nombreux professionnels peuvent soutenir et accompagner les personnes dépendantes et leurs aidants :

  • l’aide-ménagère, pour l’entretien du logement et du linge, la préparation des repas, l’accompagnement aux courses ;
  • l’auxiliaire de vie sociale pour l’accompagnement ou l’aide dans les actes essentiels de la vie quotidienne (toilette, habillage, alimentation, etc.) ainsi que les sorties extérieures (courses, visites chez les spécialistes, sorties culturelles) ;
  • l’aide-soignante pour veiller à l’hygiène et au confort de la personne ;
  • l’infirmière pour les soins infirmiers (préparation des médicaments, prélèvements, piqures, pose de sonde, etc.) sur prescription médicale ;
  • le médecin traitant pour le suivi médical ;
  • le kinésithérapeute pour la rééducation physique, afin de conserver un maximum de mobilité ;
  • l’ergothérapeuthe pour l’étude des solutions pratiques et techniques qui pourront permettre à la personne aidée de maintenir un maximum d’autonomie ;
  • l’orthophoniste pour la prise en charge des troubles de la communication, etc.

Cette liste est non-exhaustive : d’autres professionnels peuvent accompagner les aidants et les personnes aidées (assistante sociale, psychologue, etc.).

Enfin, vous pouvez recourir à des associations de bénévoles, notamment pour des temps d’échanges et de convivialité.

Quelles sont les aides financières pour les personnes dépendantes ?

Qu’il soit âgé ou handicapé, votre proche en situation de dépendance peut bénéficier d’aides ou d’allocations sous certaines conditions.

  • L’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) est une allocation versée par les Conseils départementaux, aux personnes dépendantes âgées de plus de 60 ans. Elle a pour objectif de financer (en partie) des services d’aide à la personne tels que l’aide à la toilette et à l’habillage, aux déplacements, aux courses, à la préparation des repas, etc. Les démarches pour obtenir l’APA varient en fonction de votre département de résidence. Le mode opératoire est détaillé dans cet article.
  • Les mutuelles et les caisses de retraite peuvent financer des services d’aide-ménagère à court terme pour leur retour chez eux suite après une hospitalisation, mais aussi à long terme pour assurer un maintien à domicile. Renseignez-vous auprès de la mutuelle et/ou de la caisse de retraite de votre proche.
  • La PCH (Prestation de Compensation du Handicap) est une prestation qui permet aux personnes de plus de 20 ans, en situation de handicap, de faire face à certaines dépenses liées à leur handicap : dédommagement d’une tierce personne pour de l’aide lors des actes essentiels de la vie quotidienne, acquisition d’aides techniques, aménagement du domicile, du véhicule, etc. Les dossiers sont à retirer dans la MDPH du lieu de résidence de votre proche.

Où se renseigner ?

Pour tout public :

Les CCAS ou CIAS (Centre Communal/Intercommunal d’Action Sociale) peuvent vous aider à constituer des dossiers de demandes sociales. Ils vous communiqueront les adresses des organismes et des associations d’aide à la personne présents sur votre commune. Par ailleurs, une assistante sociale y effectue des permanences ; elle saura vous renseigner et vous accompagner dans vos démarches.

Les CCAS/CIAS sont, le plus souvent, rattachés à la mairie de votre commune.

Pour les personnes âgées de plus de 60 ans :

Les maisons départementales de l’autonomie peuvent vous aider à accéder à l’information  et dans certaines maisons départementales de l’autonomie, il est possible de déposer des demandes de prestations d’aide à l’autonomie.

Les CLIC (Centres Locaux d’Information et de Coordination) sont des guichets d’accueil de proximité, d’information et de conseil destinés aux personnes âgées et à leur entourage.

Les CLIC peuvent :

  • évaluer les besoins des personnes âgées ;
  • élaborer un plan d’aide individualisé ;
  • vous mettre en relation avec des professionnels du secteur social ou de la santé ;
  • vous aider dans vos démarches auprès des organismes locaux.

Pour les personnes de moins de 60 ans :

Les MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) sont des lieux d’accueil unique pour les personnes en situation de handicap et leur entourage. Elles ont pour mission:

  • d’informer et d’accompagner la personne dès l’annonce de son handicap et tout au long de son évolution ;
  • de désigner une équipe de professionnels médicaux et paramédicaux qui évalue les besoins de la personne suivie afin de proposer un plan personnalisé de compensation du handicap ;
  • de conseiller sur les aides financières pour compenser des frais relatifs au handicap, etc.

Accepter une aide extérieure, que ce soit pour accompagner la personne dépendante ou soulager son aidant, nécessite d’emprunter un long chemin riche en discussions, réflexions, compromis, ajustements… afin d’éviter que la situation soit subie, et donc mal vécue.

Plus vous aurez expliqué à la personne aidée et/ou à son aidant pourquoi l’aide est nécessaire, plus la situation sera facilement acceptée, ou acceptable…

Pour aller plus loin : Communiquer avec son proche malade – briser les non-dits


Crédit photo : Gerd Altmann