Choisir et décider pour l’aidé

Choisir et décider pour l’aidé

Devenir adulte c’est devenir responsable.

Etre responsable de soi permet de mieux être responsable des autres.

Avoir des responsabilités nous engage envers l’autre. S’il ne nous est pas toujours aisé de savoir ce qui est le mieux pour nous et de prendre les « bonnes décisions », qu’en est il lorsque nous devons choisir et décider pour l’autre ?

Nos chemins de vie nous proposent, et à certains moments nous imposent de choisir et de décider.

« Un homme est fait de choix et de circonstances. Personne n’a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur ses choix. » Eric Emmanuel Schmitt

Ne pas choisir c’est être spectateur de sa vie, c’est être passif et subir les événements qui découleront de ce « non choix », de cette absence de positionnement.

Le choix par défaut équivaut à ne pas choisir, donc à être dans une situation qui favorise la passivité, qui elle-même peut créer la victimisation.

Choisir c’est être acteur de sa vie. Choisir permet de mieux assumer les évènements qui surviennent, d’autant plus que choisir c’est également prévoir, donc anticiper.

« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible. » Antoine de Saint-Exupéry

Ainsi, le choix est à notre disposition pour que nous puissions nous approprier nos vies et avoir la main, tout au moins en partie, sur notre « présent » ainsi que notre avenir.

Choisir pour l’autre est un « cas de conscience » si cet autre ne nous a pas exprimé clairement ses attentes, ses besoins et ses volontés.

Prendre le temps de la réflexion, s’entourer, échanger avec d’autres proches pour mieux s’interroger sur ce que l’aidé aurait souhaité et voulu pour lui / pour elle est la première étape. Lors de nos réflexions, et au cours de nos discussions, il convient de se reposer systématiquement la question « Est-ce réellement ce qu’il / elle aurait souhaité ? » car notre vision de ce qui est « bien » ou « bon » pour l’autre est nécessairement déformée par notre affect, nos propres perceptions et nos émotions.

En quoi ce que nous considérons «  juste » et « adapté » pour lui /elle est le reflet de sa perception de sa vie, et est conforme à qui il / elle est ?

La deuxième étape consiste à élargir le cercle de réflexion aux professionnels qui soignent et accompagnent l’aidé. Leurs compétences professionnelles ainsi que leur positionnement éthique et empathique peuvent apporter une pertinence supplémentaire qui sera utile pour valider le choix final et la décision à prendre.

Mettre à profit un véritable « vivre ensemble » qui consiste à faire l’effort au quotidien de voir l’autre tel qu’il / elle est, s’étonner en le / la découvrant chaque jour, essayer de l’aimer pour lui / elle tout en évitant de l’aimer uniquement pour soi (sans attendre que la dépendance ou la maladie nous y contraigne) est la meilleure attitude pour faire sa connaissance, et mieux savoir par la suite ce qui lui convient.

L’autre est une énigme pour nous au même titre que nous sommes une énigme pour l’autre. Glaner des indices au quotidien est la seule façon de nous rapprocher de l’autre. C’est également par cette attention particulière, cet éveil aux précieux détails que la vie sème jour après jour que nous pouvons préserver notre intérêt et notre humanité envers tous ceux qui nous entourent.

Dans le cadre des accompagnements en fin de vie, la Loi Léonetti pose les bases qui nous affranchissent et nous protègent de ce dilemme : choisir et décider à la place de l’autre.

Pour autant, combien sommes nous à nous en être saisis en faisant la simple démarche d’officialiser nos volontés ?

Combien sommes-nous à nous exercer cette liberté à portée de main, qui permet également de libérer nos proches du poids de notre non choix et de notre silence ?

Apprendre à choisir, et oser décider pour soi au quotidien est probablement ce qui nous rendra plus courageux et légitime lorsque nous serons dans l’obligation de choisir et décider pour l’autre.

Muriel Gaillard

Consultante – Formatrice

Diplômée en Ethologie